ENCEINTE

ATC SCM 50ASLT

Depuis 1974, Acoustic Transducer Company conçoit et fabrique des haut-parleurs pour l’audio professionnel et les installe, à partir de 1978, dans des enceintes de contrôle qui ont fait la renommée de cette firme britannique. Voici la version hi-fi du modèle le plus connu de chez ATC.

La liste des illustres clients d’ATC ne cesse de s’étoffer avec le temps : on y retrouve des ingénieurs du son de renommée planétaire, tels que George Massenburg ou Bob Ludwig, mais aussi des studios tels que ceux d’Abbey Road, Sony SACD, DTS, Todd-Ao en Californie, Warner, Polygram, l’Astoria (la péniche studio de David Gilmour, guitariste des Pink Floyd), mais aussi de très nombreux artistes. L’intérêt d’une enceinte de monitoring réside dans sa réponse en fréquence la plus linéaire possible sur une large bande passante, et une grande fidélité de restitution des timbres et des ambiances. La démocratisation des outils de production musicale que l’on rencontre dans les home-studios a conduit à une baisse significative des prix, mais en sacrifiant la qualité. Les ATC ne s’inscrivent pas dans cette évolution, tant les monitors audio actifs professionnels que leur version haute-fidélité SCM 50 ASLT.

Le principe

Si ATC commercialise aussi une version passive des SCM 50 (à la sensibilité de 85 dB pour un watt à un mètre), nous allons nous intéresser à la version active. Ce terme indique la présence d’éléments d’amplification, montés sur le coffret de l’enceinte elle-même. Ainsi, cette SCM 50ASLT dispose de trois haut-parleurs : grave, médium et aigu ; le constructeur leur a adjoint un amplificateur par transducteur, chacun adapté en puissance à sa gamme de fréquences. L’intérêt majeur de ce concept tient à la parfaite adaptation entre amplificateurs et haut-parleurs, et surtout à l’abandon du filtre passif dans lequel on perdait près de la moitié du niveau du signal amplifié. Le seul inconvénient qui vienne à l’esprit est l’impossibilité de choisir l’amplification, faisant partie intégrante de l’enceinte active. En revanche, il est facile de les raccorder à un préamplificateur doté, de préférence, de sorties audio symétriques sur XLR : dans ce domaine, de grandes longueurs de câbles n’affectent que très peu le signal, contrairement à la liaison classique entre un amplificateur de puissance et ses enceintes, via plusieurs mètres de câbles haut-parleur asymétriques, et à basse impédance, fussent-ils de forte section.

Les amplificateurs ATC

Montés dans un module, et reconnaissables à leur imposant dissipateur à ailettes refroidissant par convection naturelle les étages de puissance, composés de transistors MosFet, trois amplificateurs par enceinte se partagent le spectre audio. Ainsi, le plus puissant délivre jusqu’à 250 W dans le boomer, entre 38 et 380 Hz. Le médium se contente de 100 W entre 380 Hz et 3,5 kHz, tandis que 50 W suffisent à alimenter le tweeter au-delà de 3 500 Hz. Le signal parvient au module de triamplification au moyen d’une embase XLR, sur le mode symétrique. Puis un buffer alimente un filtre actif, présentant trois sorties et, surtout, une linéarité de phase irréprochable et une absence de perte de signal. Chaque sortie du filtre actif est donc reliée à son amplificateur. Contrairement à nombre d’enceintes actives, aucun réglage de niveau ou de timbre ne vient compliquer l’installation et l’exploitation de ces colonnes actives ATC. Les trois amplificateurs fonctionnent en classe A jusqu’aux deux tiers de leur puissance, et en classe AB au-delà.

Des transducteurs d’exception

Les développements techniques de l’équipe de Billy Goodman portent sur tout ce qui peut être amélioré dans la conception des haut-parleurs, comme tous les facteurs d’enceintes acoustiques, pourrait-on penser de prime abord, mais il n’en est rien. Ainsi, le transducteur de médium a traversé, depuis 1976, les époques en subissant de nombreuses améliorations. Son dôme de 75 mm de diamètre, très réputé pour sa haute musicalité, doit sa légèreté et sa finesse à une association de coton et de soie imprégnée. Le tweeter de 25 mm dispose, à l’instar du médium, d’un dôme souple et d’un aimant au néodyme. Le boomer mobilise une membrane de 234 mm, aussi rigide que légère, amortie par une suspension en demi-rouleau positif. Du fil de cuivre OFC, de section carrée, constitue les bobinages des trois haut-parleurs. Chaque détail de conception a été étudié pour une exploitation intensive en studio, ce qui, en haute-fidélité, se traduit par une fiabilité à toute épreuve. Mais surtout, ces haut-parleurs bénéficient de nombreuses améliorations techniques réduisant fortement différentes sortes de distorsions, harmoniques en particulier : le constructeur obtient, sur le transducteur de médium, une atténuation de 45 dB de l’harmonique 2, et 63 dB pour l’harmonique 3. Leurs tolérances très serrées induisent une excellente linéarité, ce qui évite l’ajout d’une égalisation et conserve un temps de propagation de groupe optimal. La diffusion s’étend de 80° sur un plan horizontal et 10° en vertical. Chaque paire d’enceinte est appariée à ± 0,5 dB, une belle performance, rendue possible par les nombreuses astuces originales du concept technique, de même que la précision de la fabrication, entraînant une reproductibilité enviable des performances.

Fabrication et écoute

Construction : Dérivée d’un modèle professionnel, l’ATC SMC 50 s’insère dans le monde de la haute-fidélité, grâce à une finition exemplaire, comme, par exemple, le baffle de 25 mm d’épaisseur, rapporté sur le coffret dont on peut choisir l’essence de bois de la finition.

Composants : ATC développe ses transducteurs suivant une conception très aboutie et originale, qui s’illustre à l’écoute. Les trois amplificateurs se montrent à la hauteur des exigences du cahier des charges, et le tout forme un ensemble cohérent.

Grave : Les ATC descendent très bas en fréquence, sans effort apparent ou atténuation gênante, mais dans un souci permanent d’authenticité, en suivant le message musical de manière très fidèle. Ainsi, la profondeur de jeu sur les cordes de basse de Bernard Paganotti sur son album Haunted de son groupe « Paga » est parfaitement restituée, avec une profondeur et une densité étonnantes.

Médium : Le haut-parleur à dôme souple chargé de la bande entre 380 Hz et 3,5 kHz se joue des difficultés dans cette gamme fréquentielle souvent complexe. Ainsi,les voix font preuve d’un naturel saisissant et l’on perçoit avec grande intelligibilité les harmonies des chœurs, derrière le soliste, sur « Paga » et sur « The Opposition », dans une restitution en relief.

Aigu : Ce registre garantit un savant équilibre entre précision et douceur. Il donne, de prime abord, l’impression de se trouver légèrement en retrait, mais ce constat hâtif se commue en finesse, dans un joli dégradé harmonique très naturel et aéré.

Dynamique : Le disque Gogol Suite d’Alfred Schnittke et l’enregistrement non retouché du bruit du ressac de la mer dans le petit port de Kerroc’h sont à leur avantage, car les ATC suivent avec grande aisance les violents écarts dynamiques de ces deux audiogrammes numériques. Les amplificateurs et transducteurs ne montrent aucune faiblesse, tant dans les fortissimi diffusés sans distorsion audible que dans les pianissimi, s’exprimant sans rien perdre de leurs détails.

Attaque de note : Des haut-parleurs responsifs, associés à des amplificateurs puissants et rapides, délivrent des attaques de notes dénuées de toute critique, que ce soit sur les violons d’Alfred Schnittke ou sur le court solo de batterie de Joe Blocker sur le morceau « Unidentified (Flying Being) » de Steve Hillage. Les cordes pincées des guitares électriques et acoustiques du bluesman Ted Hawkins confirment ce test.

Scène sonore : Cet aspect de l’écoute constitue, avec celui qui suit, l’atout majeur des ATC : quel que soit le disque choisi, elle savent reproduire les différents plans sonores dans un relief rarement atteint, en phase avec les intentions artistiques des ingénieurs du son. On peut vraiment évoquer une restitution en trois dimensions, tant pour les subtilités des mixages que pour l’authenticité des salles de concert.

Transparence : La justesse des timbres s’accompagne de leur environnement sonore, notamment les fins de réverbérations et autres micro-informations, le caractère chaud, réaliste et fin de la cabine Leslie qui, branchée sur un orgue Hammond, ralentit sur l’un des morceaux de Pascal Gutman (Album Cascades) : les ATC n’ajoutent rien au message sonore, mais elles ne lui enlèvent rien non plus !

Qualité/prix : L’investissement nécessaire à l’acquisition d’une paire d’ATC SCM 50 n’a rien d’anodin. Cependant, ces enceintes actives présentent de réelles originalités techniques, telle que la conception pertinente des transducteurs qui leur procure une transparence et une musicalité rarement atteintes.

Verdict

On ne teste que rarement des enceintes actives dans les magazines de hi-fi, en raison de leur rareté, au contraire du monde de l’audio professionnel où le choix des monitors actifs est pléthorique. Cette version haute-fidélité d’un monitor professionnel de très hautes performances techniques et musicales est une véritable prouesse. Mais on peut surtout parler d’une aubaine pour tout audiophile préférant l’authenticité de restitution du message sonore à l’emphase.

fiche technique

Origine : Royaume-Uni
Prix : 14 790 euros la paire
Dimensions : 1 003 x 304 x 470 mm
Poids : 53,3 kg
Réponse en fréquence :
38 Hz à 22 kHz à -6 dB
Puissance amplificateurs
grave / médium / aigu :
250 W / 100 W / 50 W
Pression acoustique
maximale : 112 dB SPL
Fréquences de transition
du filtre : 380 Hz et 3,5 kHz

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